Société
L’info au temps du Corona – De l’ail à l’intox
Published
6 ans agoon
[simplicity-save-for-later]
Salutations, jeune voyageur !
Heureuse de vous voir parmi nous. En ces temps de crise, rares sont ceux qui font le voyage jusqu’à ces contrées. Oui, je sais que vous n’avez pas bougé de votre canapé depuis ce matin. Mais vous êtes à la recherche de vérité, et c’est là le plus noble des voyages.
Commençons donc votre initiation à la sagesse du web. Commençons par le commencement.
[ Intox – La Genèse ] : Une petite histoire d’Ail.
Au commencement, il y’avait vous.
Aujourd’hui, en fervent consommateur d’internet, vous avez partagé dans le group-chat familial un article de LerPess parlant des bienfaits de l’ail sur la santé des Lamas du Bengale.
Trois personnes vous en mis un haha et quelqu’un a lancé un pouce bleu. Vous, vous avez déjà remis la conversation sur silencieux et êtes de retour à admirer des memes.
A ce point de l’histoire, vous ignorez que la conversation a continué sans vous. Votre oncle Mehdi, nutritionniste du dimanche, a rebondi sur l’article pour parler des bienfaits de l’ail sur le foie. Imed insiste alors que c’est surtout sur les reins. “Je l’ai lu quelque part”, affirme-t-il.
Hrouz, mécontent de rester sans rien dire, ajoute que c’est aussi excellent pour les poumons.
De peur d’une crise de colère, personne ne le contredit.
Arrivée à ce niveau de la conversation, votre tante Znaykha, toute contente de cette information aux sources douteuses, ira la raconter à ses amies du club de Melouf.
Ses amies du club de Melouf, toutes très fans de Znaykha dont l’arrière grand-oncle du côté de la mère avait attrapé la grippe de 1918, iront raconter l’info à leurs familles. Parmi elles, Houda.
Celle-ci, vivant dans la peur du Coronavirus, a rapidement fait le lien entre ail et Covid-19, et a insisté pour que son fils en prenne au petit déjeuner.
Mourad, fils de Houda, n’aime pas l’idée de manger de l’ail de bon matin. Par contre, il aime bien l’idée qui lui vient.
Mourad tient une page Facebook (Jebya News 2020) qui galère à rivaliser avec les lives de Nermine Sfar. Cette histoire d’ail qui guérit du Coronavirus pourrait le rendre célèbre. Sweet, sweet internet fame. La tentation est trop grande (et honnêtement, lui il s’en fout du reste). Il construit vite fait une image avec Paint, poste le tout sur la page puis dans le groupe “Corona-Corina-Coloungna”, et s’endort sans trop y penser.
Le lendemain matin (enfin, à 15h, heure de réveil), il se connecte et jackpot ! Il a fait 350000 vues en 12 heures. Même que les pages de Khabya, et Khabya News 2019 ont repris et reposté l’information.
L’ail guérit le Coronavirus. Ce n’est plus une rumeur. C’est maintenant la vérité vraie.

Tout ceci n’est évidemment qu‘un scénario d’autres. La naissance et l’évolution d’une rumeur, comme beaucoup de tournures de l’Histoire, dépendent de peu de choses. Je vous laisse décortiquer les nombreux rouages qui nous ont mené à cette chute, mais les faits sont comme suit: Nous vivons dans une époque où l’information circule tellement vite, et avec si peu de contrôle, qu’un scénario pareil, aussi absurde soit-il, pourrait bien en devenir…vrai.
Ne me regardez pas comme ça ! Ça ne me réjouit pas non plus. Mais les faits sont là. Sur internet, on est tous idiots. Mais figurez-vous qu’il est possible de l’être moins. Beaucoup moins.
Comme contre le COVID-19, certains réflexes vous protègent, vous, et votre entourage. C’est pareil pour le tout aussi destructeur Npostilli-J-20. Regardons donc comment y remédier.
[Intox – Les 5 commandements pour la combattre]: Naviguer le net comme un pro
-
Ta source tu vérifieras.
Est-ce une page officielle ? Est-ce un journal international ou un blog du dimanche ? Quelle est la crédibilité de ses anciens articles ? Qui travaille dessus ? Quelles sont ses affiliations politiques ? A-t-elle des antécédents douteux ? Essayez de répondre à toutes ces questions avant de partager quelque chose. Et non, le live d’un pseudo médecin sur son compte privé n’est pas une source fiable non plus. Je sais. C’est strict. Mais à la guerre comme à la guerre.
-
La date tu vérifieras.
Un article de 2019 qui parle de grève des boulangers, partagé en 2019, ferait déjà panique. Maintenant imaginez partager le même article en Avril 2020. C’est bon ? Vous voyez où on en serait ? Tant mieux. Au suivant !
-
Au clickbait attention tu feras.
Les titres sont souvent écrits de façon à faire passer une information. Mais faute d’espace, ou par amour du buzz, cette information met en avant des termes explosifs, et est souvent estropiée de détails essentiels. Lisez l’article en entier avant de tirer des conclusions.
-
Le Reverse Google Search tu utiliseras.
Okay. Supposons que vous avez maintenant une source qui n’est pas à 100% sûre mais que l’info reste plausible. Faisons appel à notre ami Google. Il suffirait de taper 2, 3 mots clés pour voir dans quelles autres sources il y’a eu une apparition de cette info. N’oubliez pas que plusieurs sites ont tendance à copier-coller leurs infos sans trop y penser. Vous pourrez donc bel et bien voir apparaitre cette info sur plusieurs sites. Cependant, aucun d’entre eux n’est une source réellement fiable. Vous pourrez faire la même chose en vérifiant les vidéos sur les pages officielles, pour voir si elles ont été éditées.
Le reverse google search est aussi possible avec les images. Un simple drag and drop sur la barre de recherche de google. Et HOP ! Il vous permet de savoir quand et où une image serait apparue pour la première fois. -
Ton émotion tu maîtriseras.
Les intox ont pour super-pouvoir de vous arracher un sentiment qui va occulter votre réflexion logique et vous faire réagir au quart de tour. Quoi ? Vous ne me croyez pas ? Prenons un exemple qu’on a tous rencontré très récemment.
“Des dauphins et des cygnes à Venise suite au confinement du Coronavirus !”.
Ô joie ! Ô bonheur ! Mes félicitations. Vous avez lu une information qui a provoqué chez vous une émotion. Vous avez réellement envie de partager. Vous doutez un peu mais il y’a quelques jours vous avez lu (cette fois dans un journal très sérieux) que les émissions de CO2 ont diminué en Chine, et puis tous vos amis écolos l’on partagé !
“Les dauphins, ça doit être vrai. La nature reprend ses droits !” vous dites vous en bon écologiste engagé.
Cette information concorde avec vos convictions, et avec d’autres informations vérifiées. Ça doit donc sûrement être vrai.
Mais non. En fait, non.
Vous venez tout simplement de commettre le pêché ultime du bais de confirmation. Mes félicitations.
Maintenant ne refaites plus jamais ça.
Ne me regardez pas comme ça, jeune voyageur !
Le fait est que, sur internet, on est tous responsable des informations qu’on partage. Et on est tous responsables de la propagation de l’information. Traitons l’intox comme on traiterait un virus, car sur plusieurs plans, ils sont pareil.
Haut rapport de contagion, peu de personnes y sont immunisées, limiter ses contacts limite sa propagation, et le temps qu’on diagnostique la tare, vous aurez déjà contaminé votre maman, votre papa, votre tante Znaykha, et sûrement les 250 000 000 membres de “Corona-Corina-Coloungna« .
Alors faites attention. Et mettez de la distance entre vous !
Articles similaires
Société
ڨابس: مدينة تُجرّ بعنفٍ نحو الفناء
Published
2 mois agoon
30 septembre 2025 [simplicity-save-for-later]
ڨابس: مدينة تُجرّ بعنفٍ نحو الفناء
في الجنوب الشرقي من تراب تونس الخضراء، مدينةٌ حُبست في سجن رماديّ قاتم قاتل، ينهشها السمّ منذ أكثر من نصف قرن. ڨابس، التي كانت يومًا واحة بحرية تستريح في طيف من النعيم، معجزة طبيعيّة بين الصحراء والبحر، تحوّلت إلى سجن مفتوح.
كلّ موجة تضرب شاطئ « شطّ السلام » لم تعد تأتي محمّلة برائحة البحر، بل بغصّة الفوسفوجيبس، ذلك الطين السامّ الذي يُسكب منذ أكثر من نصف قرن في حضن المتوسط. أكثر من خمسين عامًا والمدينة محاصرة بالدخان والرماد. أكثر من خمسين عامًا والمصانع تنفث في الهواء سمومها، وتغمر في الماء رفات البحر، حتى صار الشاطئ مقبرة للأحياء قبل أن يكون موطنًا للأسماك.
هكذا يعيش الناس في « غنّوش »: بين بحرٍ ميت وهواءٍ سامّ، بين وعودٍ سياسية لا تنتهي وواقعٍ يُنذر بالموت.
مقبرة مكشوفة وسماء بلا هواء: قلب المدينة ينبض بالاختناق
يقبع « المجمع الكيميائي التونسي » في منطقة حيويّة على السّاحل الرّابط بين مدينة ڨابس ومدينة غنّوش، على ضفاف شاطئ سيدي عبد السّلام أو كما يعرف عند « القوابسيّة » ب »شاطئ السّلام » الذي، ولسخرية القدر، صار معقلًا للحرب ضدّ الحياة بشتّى أنواعها. السموم تراكمت، الطحالب اختنقت، الشعاب تلاشت، والأسماك التي كانت مصدر رزق آلاف العائلات اختفت.
وفقًا لدراسة أُنجزت في مارس 2018 من قبل الاتحاد الأوروبي، يتسبّب المجمع الكيميائي التونسي في 95% من التلوث الجوي بالمدينة. ومن جهتها، صنّفت منظمة الأمم المتحدة (البرنامج الأممي للبيئة) ولاية ڨابس كأحد « البؤر الساخنة للتلوث » في منطقة البحر الأبيض المتوسط. الدراسات العلمية تؤكد وجود معادن ثقيلة وإشعاعات طبيعية في النفايات الصناعية، لكن السلطات تواصل دفن رأسها في الرمال. العلم يضع أرقامه الدقيقة، لكن عيون أهل ڨابس كانت الشاهد الأول: البحر الذي كان معيلهم صار غريبًا عنهم، أسود اللون، مالح الدخان.
صياد يُدعَى صلاح الوردي يقول إنّ قاربه لم يعد يعرف من أين يبدأ رحلته البحرية: لا سمك، لا غداء، لا ربح.
اليوم، حين يقف أحد أبناء ڨابس على الشاطئ، لا يرى زرقةً تنعش الرّوح بل سوادًا كثيفًا قاتمًا، ولا يسمع هدير البحر بل أنينًا متقطّعًا. ذلك المكان الذي كان يُسمّى « شطّ السلام » صار شاهدًا على جريمة جماعية ارتُكبت ببطءٍ وبتواطؤ رسمي.
لم يتوقف الأمر عند البحر، فالمصانع الجاثمة على الساحل جعلت من الهواء نفسه عدوًّا. النّاظر إلى السّماء لا يرى زرقتها، فبينه وبين الطبيعة حجاب، غشاء أصفر من الإفرازات الكيميائية، وسحب من الغازات تحمل في هبّاتها وباءات وأمراض مزمنة.
تقارير طبية متفرقة وشهادات الأهالي تتحدث عن أعداد متزايدة من حالات الربو والسرطان والحساسية التنفسية، خاصة بين الأطفال. تدهور المياه والتربة والطبقات الجوفية وتهديد التنوع البيولوجي… كثيرة هي الأوجاع التي يندّد بها الأهالي.
يقولون إنهم يعيشون موتًا بطيئًا. بعضهم يُقسم أن المرض صار ضيف كل بيت، وأنّ الحزن صار خبزهم اليومي. أما العمّال في مصانع « المجمّع الكيميائي التونسي » فهم شهود وضحايا في آن واحد: يعملون بين أبخرة خانقة، ويعودون إلى بيوتهم محمّلين بما يكفي من السموم ليتقاسمها أطفالهم.
في شهادات من تقارير تعود إلى جانفي 2019، تحدّث أهالي المنطقة بألم بعد أن واجهوا موجة من الاختناق إثر تصاعد دخان برتقاليّ كثيف من إحدى مداخن المجمع الكيميائي:
«داخل المصنع، لا أرى زميلي إذا كان يبعد مترًا واحدًا، الدخان كثيف، يُقحمنا فيه بلا رحمة، تُغلقُ الأبواب لكنها لا تمنع السموم»، يتذكّر عامل يُدعَى هشام، من موظفي المجمع الكيميائي التونسي، أيامًا لا تُنسى من الاختناق المستمر.
«لقد تركتُ منزلي خوفًا على صحّة أولادي. حتى بعد الانتقال، الرائحة تدخل من الفتحات، من الشرفات، تلتصق بالجلد والملابس، لا مأوى من هذا الدخان»، تقول فاطمة، قاطنة في أحياء بجوار المصنع. «نحن أشبه بالأموات الأحياء بسبب التلوث، يكفي أن تنظر إلى حالة وجوهنا.»
في ليلة الثلاثاء 9 سبتمبر 2025، أكثر من ثلاثين شخصًا في غنّوش نقلوا إلى المركز الصحي القريب وهم مختنقون، أطفال وكبار. الغازات انبعثت فجأة من المنطقة الصناعية، اختلطت مع الليل فابتلّت الديار بالهلع والصمت.
تكرّر المشهد مساء الأربعاء 10 سبتمبر، حيث تعرّض ستة آخرون من السكّان للاختناق واضطرّوا لتلقّي الإسعافات. الأدهى والأمرّ أن مثل هذه الحوادث ليست بالغريبة، خاصّة على سكّان « غنّوش » وأجوارها.
تحرّك المجتمع المدني في ضلّ غياب الإجراءات
أمام هذا الوضع، قرّر أهالي ڨابس، وخصوصًا فئة الشباب، الوقوف في وجه هذا العملاق الصناعي. فمنذ ما يقارب عشر سنوات، ينظّم حراك « أوقفوا التلوث – Stop Pollution » إلى جانب حركات مدنية أخرى مسيرات واحتجاجات بشكل منتظم، يجتمع فيها في كل مرة مئات المواطنين.
في وجه هذه الكارثة، لا يعلو صوت المسؤولين إلا بوعدٍ جديد مؤجّل. منذ عقود، يتكرر الخطاب ذاته: وعود بترحيل المصانع بعيدًا عن الساحل، أو بإنشاء محطات للمعالجة. لكن البحر ما يزال يستقبل نفاياته كل يوم، والسماء ما تزال محروقة بالغازات. السلطات تصف النشاط بأنه ضرورة وطنية، الصناعة جزء من اقتصاد الدولة، والعمال جزءٌ من البقاء الاقتصادي. وبعض الجهات الرّسمية تقول إنّ الدراسات التي أجرتها وزارة الصحة لا تربط بشكل قطعي بين التلوث و الأمراض كالسرطان.
أي معنى للتنمية حين يكون ثمنها موت الناس؟ أي فخر بالاقتصاد الوطني إذا كان يُبنى على رفات الأطفال؟ صمت المسؤولين لم يعد تقاعسًا عابرًا، بل صار شراكة صريحة في الجريمة.
في 29 جوان 2017، أقرّ مجلس وزاري قرارًا بات من المفترض أن يُنفَّذ فورًا: وقف تفريغ الفوسفوجيبس في البحر، غلق الوحدات الأكثر تلويثًا في « المجمّع الكيميائي التونسي »، ومحاربة كل أشكال التلوث الناتجة عن النشاط الصناعي. لكن القرار بقي بلا أثر على الأرض. المحاكمات والمطالبات بإنفاذه تكدّست، ولجان التحقيق توقّفت منذ سنوات، والجهات المختصة تبدّل الوعود لكنها لا تنزل إلى التنفيذ.
الأسوأ أنّ من يرفع صوته من المجتمع المدني يواجه أحيانًا بالمحاكمات والضغط، وكأنّ المطالبة بالحياة صارت جريمة، وكأنّ المطالبة بالهواء النظيف ليس حقا مشروعا.
هكذا تتشكل لنا الصورة كاملة: الأكسجين الذي يُبقي اقتصادًا عليلًا على قيد الحياة، يُسحب قسرًا من صدور آلاف المواطنين القاطنين في محيط « مجمّع الموت »، كما فضّلوا تسميته. وحين تصرخ المدينة طلبًا للحياة وتُقابل بالصمت، فإنّ الجريمة لم تعد مجرد تلوث صناعي، بل تقاعس يمسّ حق المواطن في البقاء.
ڨابس… جرح الوطن المفتوح
أطفالٌ يتدرّسون وسط الرائحة والغاز، أمّ تنتظر بحسرة خبر وفاة ابنها، مزارع يخسر أرضه بسبب الملوحة والمواد السامة التي تغمر التربة، صياد لا يجد سمكة ليطعم عائلته، عطشٌ للهواء النظيف لا يُجد له دواء.
كلّ هذه المعاناة لا تُحرّك المسؤولين بما يكفي. طالبت منظمات مدنية وأهالي محليون بإغلاق هذه الوحدات فورًا أو نقلها بعيدًا، لكنها تلقت وعدًا جديدًا بتنفيذ تدريجي « بحلول عام 2030 » لمشروع « مدينة صناعية متكاملة ». الرئيس نفسه أمر في مارس 2025: إيجاد حل دائم للفوسفوجيبس، تنظيف الاستراتيجية، استخدام مياه معالجة بدل مياه صالحة للشرب في عمليات الغسل، لكن لا دلائل ميدانية بأنّ التغيير حدث بشكل فعلي حتى الآن.
ما يحدث في ڨابس ليس شأنًا محليًا، بل عجزًا وطنيًّا. هذه المدينة التي كان يمكن أن تكون رئة تونس البحرية تحوّلت إلى مختبر مفتوح للتلوث والإهمال. تعيش بين الرؤية المشرقة لحق الحياة وبين الظلام العملي للتقاعس.
التاريخ سيكتب أنّ البحر قُتل هنا عمدًا، وأنّ الناس تُركوا يواجهون المرض بصمت، وأنّ المسؤولين صمتوا، أو ساهموا، أو تواطؤوا بالصمت.


Share your thoughts