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Book Review : L’œuvre de Dieu, la part du diable

Hayfa TRIKI

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Nous sommes dans les États-Unis de la première moitié du vingtième  siècle, au fin fond de l’état du Maine. A Saint Cloud’s –  ancienne ville d’industrie du bois, de misère et de débauche – se trouve l’orphelinat  du même nom dirigé par le docteur Wilbur Larch. Officiellement, sa fonction est d’accoucher les femmes qui ne veulent pas garder leurs bébés, s’occuper de ces enfants non désirés et leur trouver des familles d’accueil. Officieusement, il pratique également des avortements, à une époque où c’était était encore illégal et controversé, offrant ainsi aux femmes une alternative sûre aux manipulations barbares des charlatans  avorteurs. A ceux qui le critiquent, il répond toujours qu’il offre aux femmes le choix : « un orphelin ou un avortement ».

Selon le docteur : « Ici à Saint Cloud’s, nous n’avons qu’un seul problème. Il se nomme Homer Wells. Nous sommes parvenus à faire de l’orphelinat son foyer, et c’est cela le problème » .  Après 4 tentatives ratées d’adoption, l’enfant déclare au docteur qu’il se sent chez lui à l’orphelinat et qu’il veut se rendre utile. Larch accepte et lui confie des tâches de plus en plus importantes. Leur affection l’un pour l’autre devient elle aussi de plus en plus puissante. Il va même lui enseigner l’œuvre de Dieu et l’œuvre du Diable.

La vie d’Homer aurait pu se résumer à assister dans les activités de l’orphelinat, ressasser l’anatomie de Gray, apprendre et pratiquer les procédures obstétriques. Toutefois, à vingt ans, il se trouve embarqué dans la production des pommes, sur une ville côtière du Maine, à 3 heures de Saint Clouds. C’est le docteur Larch, qui malgré la peine qui sévit dans son cœur de père, l’encourage à saisir l’opportunité de partir et enfin découvrir un autre monde que celui qui l’a vu grandir. Se dévoilent alors à lui l’océan (Larch a toujours souhaité que son protégé découvre l’océan), la bienfaisance, l’amitié, l’amour, le désir, le mal, les remords… le monde des adultes.

C’est ainsi que John Irving, l’auteur de « l’œuvre de Dieu,  la part du diable »  tisse sa trame sur fonds d’obstétriques et de culture de pommes. Il nous plonge avec ses personnages dans les méandres de l’amour, les angoisses des orphelins et les appréhensions de la deuxième guerre mondiale.

Il trace les traits des protagonistes avec beaucoup de justesse, dans les dialogues et les actions. Il attribut à certains d’ailleurs des répliques récurrents et caractéristiques. Le D’accord systématique d’Homer quand il n’a rien à répondre. L’attendre voir de Candy qui ne veut pas prendre de décisions et faire des choix (traduit de l’anglais : « Wait and See »). Quant à l’excentrique docteur, il commence toujours les notes dans son journal par « Ici à Saint Cloud’s ». Toutefois, quand il veut souligner le caractère isolé, rudimentaire et atypique de la vie dans l’orphelinat, il recourt à « Dans d’autres parties du monde ».  Le lecteur s’attache rapidement à ces trois là et à tous les autres personnages avec leurs humours, amours, dilemmes, fureurs, craintes et espoirs.

Notes sur l’auteur et sur le livre  :

  • « L’oeuvre de Dieu la part du Diable » est le sixième ouvrage de John Irving. Adapté au cinéma en 2000, il lui a valu un Oscar du Cinéma pour le scénario.
  • Ce livre contient d’innombrables références médicales que l’auteur a puisé de son grand père, « diplômé de l’école de médecine de Harvard en 1910, où il a enseigné l’obstétrique pendant plusieurs années ».
  • Le titre original en anglais est  » The Cider House Rules « , à cause d’une liste de règles accrochée chaque année dans la cidrerie à l’intention les saisonniers et qui n’est jamais , ni lue, ni respectée.
Hayfa TRIKI

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BAHAM’US : Entre Utopie et Réalité

insatpress

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Le mardi 11 décembre, nous avons eu le privilège d’assister à Bahamus, une œuvre magistrale mise en scène par le club Theatro de l’INSAT, un club universitaire chargé de l’organisation de pièces de théâtre abordant diverses thématiques sociales et humaines. Cette fois-ci, la pièce illustre la quête universelle de liberté et d’émancipation, dans un contexte inspiré des bouleversements du Printemps arabe. En effet, Bahamus est une pièce théâtrale saisissante, qui dévoile les mécanismes de manipulation des masses par des pouvoirs extrêmes, une histoire qui résonne comme un appel à la réflexion, mais surtout à l’action, face aux oppressions qui étouffent les voix des peuples.

 

L’événement a démarré avec un peu de retard, probablement parce que même les aiguilles de l’horloge étaient captivées par l’idée de Bahamus. La pièce se divise en trois actes, entrecoupés de pauses musicales si bien interprétées qu’on aurait presque oublié que l’histoire portait sur une dystopie. Ces interludes renforcent le thème de la liberté, à travers une sélection musicale pertinente et de magnifiques danses, ajoutant une dimension poétique et visuelle qui vient sublimer l’émotion de la pièce.

Etant une satire théâtrale, Bahamus offre une critique subtile et percutante des dynamiques sociopolitiques. Dès ces premiers instants, l’acte I plante l’apparence d’une société parfaite, mais où chaque détail laisse entrevoir les fissures d’un système précaire. En utilisant un cadre fictif où le bonheur et la prospérité semblent régner, la pièce dévoile progressivement la fragilité d’une utopie construite sur des illusions. Qui aurait cru que le bonheur national brut se calculait en sourires ? Entre les prêts sans intérêt et les consultations médicales express, j’ai presque eu envie de m’installer à Bahamus… avant de me souvenir du taux de mortalité présidentielle un peu élevé.

Les thématiques de la pièce se déploient avec une touche de sarcasme, à travers des personnages caricaturaux mais profondément humains – comme un dictateur autoproclamé, un conseiller qui pleure à chaque décision et une population endormie par des promesses creuses – exposant les mécanismes du contrôle social et de la manipulation politique. Au cœur du récit, la lutte pour la conscience collective prend une place centrale. La pièce illustre les efforts pour réveiller un peuple pris au piège entre un gouvernement qui se ment à lui-même et une opposition fragmentée par des intérêts personnels. Ici, l’acte II plonge le spectateur au cœur des paradoxes de cette société dystopique, où l’illusion d’une utopie cache des enjeux bien plus sombres.

Enfin, l’acte III vient clôturer cette fresque théâtrale en interrogeant la complexité de la politique, où même les figures qui semblent altruistes peuvent être motivées par des ambitions personnelles. Les sacrifices, les trahisons et la soif de pouvoir se mêlent pour révéler une vérité cruelle : le véritable moteur du changement réside dans la prise de conscience du peuple, mais ce dernier est aussi sa propre faiblesse lorsqu’il se laisse manipuler. En conclusion, elle laisse le spectateur face à une réflexion poignante : le pouvoir est-il un moyen de servir ou de se servir, et à quel prix la liberté peut-elle être véritablement atteinte ?

La réalisation de Bahamus est le fruit de plus d’un mois de travail acharné, d’une équipe passionnée, entre écriture, logistique et préparation des coulisses. Ce dévouement a été récompensé par un large public qui, une fois encore, a fait confiance à la qualité des productions du réputé club Theatro de l’INSAT. Toutefois, quelques détails organisationnels ont légèrement perturbé l’expérience en début de soirée. Des ajustements dans la coordination auraient sans doute, permis de mieux gérer l’accueil des spectateurs et d’assurer une fluidité plus naturelle.

La soirée s’est achevée sur une note émouvante, avec la projection de photos souvenirs des pièces passées, mettant en lumière les moments forts vécus par les membres de la 5ème année. Cette rétrospective, à la fois intime et pleine de fierté, ressemblait à une cérémonie d’hommage, non officielle mais profondément significative, où chaque membre du club Theatro a célébré, avec une émotion palpable, le succès de cette dernière production. Un instant solennel, mais empreint de joie, qui marquait la fin d’un chapitre mémorable de leur parcours à l’INSAT.

Mariem Lakhel

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