Chaque matin depuis le lundi 06 Juin, devant les salles de conférences de l’INSAT, même constat.
Les futurs ingénieurs, leurs familles parfois venues de très loin et leurs encadrants en entreprise attendent. Beaucoup de membres du jury ne se présentent pas. Le scénario se répète tous les jours, et des dizaines de soutenances sont annulées quotidiennement.
La plupart des membres des jurys sont absents. D’autres sont venus mais refusent d’assister aux soutenances. Seuls un petit nombre d’étudiants a pu soutenir devant 3 membres du jury. Certains présidents du Jury ont pris la casquette d’examinateur afin de limiter les dégâts et ne pas annuler une énième soutenance. Il est à noter que d’autres enseignants sont venus pour assurer leurs rôles, mais vu l’absence d’un ou deux des autres membres du jury, une soutenance ne peut pas avoir lieu.
L’administration quant à elle, refuse d’accepter les propositions de changements des membres du jury en grève par des enseignants qui se portent volontaires. Elle refuse également de planifier une nouvelle session en Juillet si le ministère débloque la situation.
Alors qu’en est-il des conséquences de cette grande cacophonie sur les étudiants et la réputation même de l’INSAT ?
Tout d’abord, il est à rappeler qu’en Novembre dernier, le problème d’encadrement des stages de PFE a fait surface. Les étudiants en cinquième année ont fait une grève qui a duré 2 semaines lors de la période des DS. Ils demandaient que les trois parties du litige, à savoir le ministère de l’enseignement supérieur, les enseignants et l’administration de l’INSAT, trouvent un accord commun, ou du moins, que l’un d’eux fasse une concession de sa part, afin que les étudiants puissent rendre des conventions de stage valables aux entreprises qui vont les accueillir.
Quelques mois plus tard, il s’est avéré que ce problème d’encadrement était aussi présent dans d’autres écoles d’ingénieurs. À la seule différence que dans leurs cas, leurs administrations respectives ont accepté de valider les conventions sans la signature des encadrants, dans le but que leurs étudiants ne ratent pas des occasions de stages à cause de ce litige.
De leur part, un bon nombre d’étudiants de l’INSAT un stage à la main, ont passé un temps considérable avant de pouvoir rendre les conventions signés par les deux parties concernés (enseignants et administration). Ce retard n’est pas passé inaperçu auprès des entreprises et il a déjà commencé à ternir la réputation de l’Institut National des Sciences Appliqués et de Technologie.
Alors si en plus cette fois, les soutenances sont annulées, on peut dire que ça va jeter un sacré coup sur la renommée de l’institut sur le marché du travail. En effet, beaucoup de ces dernières attendent cette période pour proposer des contrats d’embauches aux stagiaires. Par ailleurs, en voyant cet état de désordre, elles ne feront plus confiance à la formation offerte par l’INSAT.
De plus, lors de ce remue-ménage, même les organismes internationaux ont eu cours des problèmes au sein de l’institut. En effet, beaucoup d’étudiants en stage à l’étranger ont décidé de présenter leur projet au mois de Juin avant de repartir finir leur travail. Il en résulte qu’ils sont venus en vain, et qu’en plus, ils devront expliquer cette annulation inexplicable et inavouable auprès de leurs responsables en entreprise.
Autres conséquences de ce retard, les jeunes ingénieurs perdront de précieuses opportunités d’embauche pour ceux qui comptent rester en Tunisie, et le début de leurs nouvelles études pour ceux qui partiront en Master à l’étranger.
Dès lors, plusieurs questions se posent : jusqu’à quand les étudiants seront pris en otage entre querelles de grands qui ne les concernent pas ? Avons-nous à l’INSAT un syndicat étudiant qui défende leur droit auprès de l’administration et du ministère ?
À qui la faute ? L’absence de communication entre une partie des enseignants et l’administration n’est pas à exclure. De plus, les étudiants soupçonnent que l’approche des élections du conseil scientifique peut avoir contribué à semer le trouble au sein de l’Institut, et ils se retrouvent pris en otage entre deux parties qui se renvoient la balle et refusent de faire des compromis.
Ces étudiants, ils ont tous rêvé de ce jour qui va couronner 18 ans d’études. Voir la fierté dans les yeux des parents. Passer à une autre étape de leur vie. Bâtir d’autres projets…
Mais quand assurer sa soutenance devient un jeu du hasard, voilà que ça se transforme en incertitudes, larmes et colère.
À l’INSAT, quand le rêve devient cauchemar.
Pour plus d’informations sur le sujet, écoutez l’intervention d’un étudiant de l’INSAT sur les ondes de Jawhara FM : https://soundcloud.com/etudiant-insat/intervention-etudiant-insat-sur-jawhara-fm
* Note : Les statistiques données sont issues du recueil d’informations auprès de 99 étudiants sur un total de 184 concernés par les soutenances de la session de Juin. Les données ont été récoltées jusqu’à la date du 15 Juin 2017.
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