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Art and Culture

Daghbaji : Le Théâtre des Âmes Révoltées

Le mardi 24 décembre 2024, à la prestigieuse Cité de la Culture de Tunis, une scène vibrante a pris vie, et avec elle, l’écho d’un peuple en lutte, un peuple qui refuse de plier sous le poids de l’oppression.  Cette pièce de théâtre magistrale, intitulée « Tamurt » , Scénarisée par Omar Ben Soltana . Ce Chef d’œuvre consacré à l’héroïsme de Daghbaji, n’a pas seulement raconté l’histoire d’une résistance tunisienne : il a révélé une philosophie de la dignité, une danse des âmes révoltées.

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Le mardi 24 décembre, à la prestigieuse Cité de la Culture de Tunis, une scène vibrante a pris vie, et avec elle, l’écho d’un peuple en lutte, un peuple qui refuse de plier sous le poids de l’oppression.  Cette pièce de théâtre magistrale, intitulée Tamurt , Scénarisée par Omar Ben Soltana . Ce Chef d’œuvre consacré à l’héroïsme de Daghbaji, n’a pas seulement raconté l’histoire d’une résistance tunisienne : il a révélé une philosophie de la dignité, une danse des âmes révoltées.

 

Introduction au personnage de Daghbaji

Mohamed Ben Salah Al Zaghbani, dit Daghbaji, est une figure emblématique de la résistance tunisienne (fallega) contre l’oppression coloniale. né en 1885 à Wadi Ezatoun et mort le 1e mars 1924 à El Hamma, il incarne la détermination et le courage face à l’injustice. En tant que leader de la rébellion, il a lutté pour la dignité et la liberté de son peuple, devenant un symbole de l’engagement pour l’indépendance. Sa vie et ses actions témoignent de la quête universelle de justice et de liberté, qu’incarne la pièce qui lui est dédiée.

 

Quand la Mémoire Prend Vie

Les événements exposés dans cette pièce de théâtre ne sont pas de simples souvenirs , ils vibrent, palpitent, comme une flamme que le temps ne peut éteindre. La pièce nous emmène dans un monde où des hommes et des femmes, dépouillés de leurs ressources et frappés par des atrocités inimaginables, refusent de céder à l’inhumanité d’un ordre colonisateur vampirique.

Les dialogues, portés par des acteurs d’une coordination exemplaire, résonnent comme des coups de tonnerre. Daghbaji, figure centrale, clame à ses compatriotes déchus par la trahison :

« Vos frères luttent dans la faim et la misère, et vous trahissez vos familles. Vous ne méritez même pas le lait que vos mères vous ont allaité ! »

Ces mots, trempés dans l’indignation, dévoilent l’abîme entre le courage des résistants et la lâcheté de ceux qui plient devant l’oppresseur.

 

L’Art au Service de la Résistance

La pièce transcende l’histoire par l’art. La musique, tour à tour douce et féroce, ranime l’essence même des luttes passées. Chaque note semble née du souffle des résistants, chaque mélodie murmure les chants de ceux qui ont combattu pour une vie plus digne.

Et puis il y a la danse. Une danse singulière, presque mystique : celle de Daghbaji. À travers ses mouvements, on lit une quête spirituelle, une aspiration à l’émancipation, un cri de l’âme face aux chaînes imposées par l’oppresseur. Cette chorégraphie, mi-poétique, mi-philosophique, sublime la scène en un rituel de libération.

 

Cette œuvre ne célèbre pas seulement les hommes, elle révèle la puissance latente des femmes, souvent ignorées dans les récits de la résistance. La sœur de Daghbaji, avec des mots tranchants comme des lames, déclare :

« Si j’étais un homme, je leur ferais goûter ce qu’ils méritent. J’irais dans les montagnes, les combattre et les tuer ! »

Sa voix, écho de toutes les femmes opprimées, s’élève contre les normes, questionne l’injustice de sa condition :

« Pourquoi une fille ne pourrait-elle pas lutter avec la résistance ? J’ai appris à tirer, moi aussi. »

Ces déclarations, mêlées à celles d’autres femmes affirmant que sans armes, elles feraient goûter aux colonisateurs leur propre poison, incarnent une force collective : celle d’un peuple où chaque individu, homme ou femme, est prêt à se sacrifier pour la liberté.

 

La Flamme de la Liberté : Daghbaji Vit dans Chaque Cœur Tunisien

Vous pouvez me tuer si vous voulez, mais en vérité Darbaji vit dans chaque âme tunisienne. Il est immortel, il vit dans les coeurs. Aujourd’hui ou demain, un Daghbaji naîtra parmi le peuple. »

Ces mots puissants révèlent que, même face à la menace de la mort, l’esprit de résistance ne disparaît jamais. Daghbaji devient ainsi un symbole éternel de liberté, une flamme qui continue de brûler dans chaque cœur tunisien, prêt à renaître dans la lutte pour la dignité et l’indépendance.

 

Une Philosophie de la Libération

Au-delà des faits, cette pièce explore l’essence même de la résistance. Elle nous interroge : qu’est-ce qui pousse l’être humain à se révolter ? Est-ce simplement une réaction à l’injustice, ou une quête universelle de dignité, gravée dans l’âme ?

Dans cette quête, chaque scène, chaque mot, chaque note de musique devient un manifeste. Ce théâtre n’est pas une simple représentation, c’est un miroir tendu à l’humanité, un rappel que la liberté se mérite et que la dignité est non négociable.

 

Écho Intemporel de Daghbaji

Avec une mise en scène d’une intensité rare, cette pièce ne raconte pas uniquement l’histoire de Daghbaji : elle le ressuscite. Elle nous fait sentir la faim des résistants, le froid des montagnes, et la chaleur de leur détermination. Elle transcende les frontières du temps pour offrir un message universel : la résistance n’est pas un choix, elle est une nécessité lorsque l’humanité est en jeu.

Et ainsi, à travers les mots, les danses et les musiques, Daghbaji devient bien plus qu’un héros historique. Il devient une idée, une philosophie, une lumière dans les ténèbres de l’oppression. Une œuvre magistrale, à la fois poignante et inoubliable.

 

Rédigé par Habib riden

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BAHAM’US : Entre Utopie et Réalité

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Le mardi 11 décembre, nous avons eu le privilège d’assister à Bahamus, une œuvre magistrale mise en scène par le club Theatro de l’INSAT, un club universitaire chargé de l’organisation de pièces de théâtre abordant diverses thématiques sociales et humaines. Cette fois-ci, la pièce illustre la quête universelle de liberté et d’émancipation, dans un contexte inspiré des bouleversements du Printemps arabe. En effet, Bahamus est une pièce théâtrale saisissante, qui dévoile les mécanismes de manipulation des masses par des pouvoirs extrêmes, une histoire qui résonne comme un appel à la réflexion, mais surtout à l’action, face aux oppressions qui étouffent les voix des peuples.

 

L’événement a démarré avec un peu de retard, probablement parce que même les aiguilles de l’horloge étaient captivées par l’idée de Bahamus. La pièce se divise en trois actes, entrecoupés de pauses musicales si bien interprétées qu’on aurait presque oublié que l’histoire portait sur une dystopie. Ces interludes renforcent le thème de la liberté, à travers une sélection musicale pertinente et de magnifiques danses, ajoutant une dimension poétique et visuelle qui vient sublimer l’émotion de la pièce.

Etant une satire théâtrale, Bahamus offre une critique subtile et percutante des dynamiques sociopolitiques. Dès ces premiers instants, l’acte I plante l’apparence d’une société parfaite, mais où chaque détail laisse entrevoir les fissures d’un système précaire. En utilisant un cadre fictif où le bonheur et la prospérité semblent régner, la pièce dévoile progressivement la fragilité d’une utopie construite sur des illusions. Qui aurait cru que le bonheur national brut se calculait en sourires ? Entre les prêts sans intérêt et les consultations médicales express, j’ai presque eu envie de m’installer à Bahamus… avant de me souvenir du taux de mortalité présidentielle un peu élevé.

Les thématiques de la pièce se déploient avec une touche de sarcasme, à travers des personnages caricaturaux mais profondément humains – comme un dictateur autoproclamé, un conseiller qui pleure à chaque décision et une population endormie par des promesses creuses – exposant les mécanismes du contrôle social et de la manipulation politique. Au cœur du récit, la lutte pour la conscience collective prend une place centrale. La pièce illustre les efforts pour réveiller un peuple pris au piège entre un gouvernement qui se ment à lui-même et une opposition fragmentée par des intérêts personnels. Ici, l’acte II plonge le spectateur au cœur des paradoxes de cette société dystopique, où l’illusion d’une utopie cache des enjeux bien plus sombres.

Enfin, l’acte III vient clôturer cette fresque théâtrale en interrogeant la complexité de la politique, où même les figures qui semblent altruistes peuvent être motivées par des ambitions personnelles. Les sacrifices, les trahisons et la soif de pouvoir se mêlent pour révéler une vérité cruelle : le véritable moteur du changement réside dans la prise de conscience du peuple, mais ce dernier est aussi sa propre faiblesse lorsqu’il se laisse manipuler. En conclusion, elle laisse le spectateur face à une réflexion poignante : le pouvoir est-il un moyen de servir ou de se servir, et à quel prix la liberté peut-elle être véritablement atteinte ?

La réalisation de Bahamus est le fruit de plus d’un mois de travail acharné, d’une équipe passionnée, entre écriture, logistique et préparation des coulisses. Ce dévouement a été récompensé par un large public qui, une fois encore, a fait confiance à la qualité des productions du réputé club Theatro de l’INSAT. Toutefois, quelques détails organisationnels ont légèrement perturbé l’expérience en début de soirée. Des ajustements dans la coordination auraient sans doute, permis de mieux gérer l’accueil des spectateurs et d’assurer une fluidité plus naturelle.

La soirée s’est achevée sur une note émouvante, avec la projection de photos souvenirs des pièces passées, mettant en lumière les moments forts vécus par les membres de la 5ème année. Cette rétrospective, à la fois intime et pleine de fierté, ressemblait à une cérémonie d’hommage, non officielle mais profondément significative, où chaque membre du club Theatro a célébré, avec une émotion palpable, le succès de cette dernière production. Un instant solennel, mais empreint de joie, qui marquait la fin d’un chapitre mémorable de leur parcours à l’INSAT.

Mariem Lakhel

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