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À vos plumes

Moi et Moi

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Si obscur, le monde si silencieux. Seule dans le vide éternel qu’est mon propre être. J’observe ma vie, qui je suis. Cette identité façonnée autour d’un être qui n’existe point. Je ne suis peut-être pas cette identité. Je ne sais pas vraiment. Une errance éternelle entre les ruelles de mon cerveau. Une brume de confusion qui refuse de se dissiper. Recroquevillée sur moi-même, j’ai peur de même respirer trop fort. Le monstre hait lorsque je perturbe son règne de terreur. Je regarde devant moi les pièces éclatées de ce reflet de moi-même et que j’ai brisé de mes propres mains. Le sang dégouline encore tachetant le sol miroitant de ma conscience. Ce combat infini entre qui je suis et qui je veux être. Une cause perdue.

Voilà ce que je suis. Je crois que mon existence même est une erreur. Un calcul de trop. Je disparais alors dans les recoins les plus enfouis de mon tréfonds. J’offre au monde cette version toute parfaite. Tout ce qu’il faut pour cesser d’exister. Qui suis-je ? la réponse ne vient jamais. Cette question retentit, un écho impossible à ignorer. J’hurle pour l’étouffer mais je ne réussis guère. Les larmes m’étranglent et les souvenirs me hantent. Des rêves que j’ai cru morts me revisitent, des mirages troublants plus que tout. Je veux m’en aller. Partir. Ailleurs. Quelque part où personne ne me connait. Quelque part où je peux me débarrasser de cette peau qui m’écœure tellement. Sauvez-moi de ce monstre qui est mon âme même. Ce monstre me tue en douce. Chaque jour un peu plus de poison. Il me tient par la gorge. Ses griffes contre mon cou. Son souffle dans le mien. Je le ressens à chaque respiration. Une personne à part. Honnêtement. La paranoïa est sa carte maitresse. Sa voix si dominante dans mon esprit. Je fais la sourde mais sa voix refuse de lâcher prise. Il me fait peur, éperdument peur. Il se moque de moi. Regardez-le. REGARDEZ-LE. Il rie de ma détresse. Ce désarroi qu’il orchestre d’un sadisme accru. Je frôle une folie dangereuse.

Au bord de la rupture. Je me torture à coups de questions qui refusent de cesser. Je tiens ma tête pour me calmer. Je regarde le sang devenu un flacon. Sur ce flacon, je me vois enfin. Brisée que j’étais. Hantée, perdue, penaude mais étrangement lucide. Ce genre de lucidité qui brule, un arrière-gout amer après chaque effondrement. Une clarté qui me maintient ici malgré tout. Un ange gardien, oserais-je le terme. Méritais-je réellement autant de souffrance ? méritais-je même un peu d’amour ? de la compassion ? Un sentiment qui n’est pas le dégout et la haine envers ma personne. Un dilemme existentiel, cornélien. Des choix impossibles. Une vie insupportable.

Comment apprendre à un cerveau qui a toujours été sensé haïr comment aimer ? pourquoi aimer ? puis-je quitter cette transe, cet état épouvantable dans lequel je vis ? puis-je me libérer des chaines qui me retiennent à la merci du monstre ? Est-ce que je peux ? quelqu’un ? répondez-moi ! encore la réponse refuse de venir. Cette fois…cette fois je comprends que la réponse doit être mienne. Nul autre. Ridicule. Horriblement ridicule. Une ironie qui n’échoue pas à m’émerveiller. Comment l’être qui n’a connu que le silence et l’étouffement peut s’exprimer ? Les mots, cet être a oublié. Son humanité, il a enterré. Comment, après tout ce temps, ose-t-on lui demander une réponse ? Pour la première fois, je me relève. Je ne suis plus recroquevillée même si le monstre me possède. Je discerne avec une perspicacité authentique ce monde morbide qu’est ma conscience. Cette noirceur obsédante n’est pas moi. Ce silence terrifiant n’est pas moi. Ce sang infini n’est pas le mien. Ces pièces éclatées ne sont pas moi.

Je sais la réponse à toutes les questions. Je mérite d’exister, de m’aimer et de guérir. Ce corps est mien. Cette vie est mienne. Dans cet équilibre fragile induit par cette résistance jamais connue, le lieu cesse d’être lugubre. La lumière de la vérité l’éclaire et je comprends enfin. Je ne suis l’esclave de personne, le reflet de personne, l’ombre de personne. Je suis moi. Une personne qui a une existence et une volonté indépendantes. Cette évidence tombe sur moi un salut délivrant. Je me libère ainsi des griffes du monstre qui hurle, chassé par la glorieuse lumière de la victoire. Aujourd’hui, je choisi d’exister, moi, nul autre. Je décide d’être celle que je souhaite. Je décide de faire de qui je suis celle que je veux être.

Ecrit Par: Malek Jarboui  

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À vos plumes

The Forgotten Room

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The room was still, unmoving, cursed to a lifetime of silence.
Pale light slipped through half-open curtains, painting a dull gold tide on the walls. A mirror, dust-veiled, forgot who it once reflected.
And then, within that silence, something stirred — a murmur, faint at first. The furniture began to wake.

They buzzed — not from excitement, but from worry. Their owner had long disappeared.
It had been weeks since they had felt sunlight or breathed fresh air — weeks of darkness and doom.
Silence had never screamed this loud.

And so, like in a Beauty and the Beast kind of day, the furniture began to speak to one another.
The clothes, always talkative but long forgotten on the chair, reported their missing sisters: a pair of pajamas. The owner’s favorite sweatshirts complained that they hadn’t been worn in ages and missed the warmth of human skin.

The books agreed — they too longed to be opened, to feel their pages turn. Now they were covered in dust, their stories neglected. The owner used to visit them often, to touch them, to hold them — they had been her best friends. And yet, now, no hands reached for them. It had been weeks.

The makeup, dramatic and sprawled across the desk, was also covered in dust and neglect. Once their colors caught the morning light; now they dulled beside the mirror. Their purpose — to brighten her — sealed in silent tubes. Of course, the girl was beautiful without them, but she never went a day without adding a touch of red or pink to her face. It had been so long since they’d felt her cheeks or eyelids. Days? Weeks? They could no longer tell.

The guitar, the soulful and poetic one, stood silent in the corner, forgotten beneath its thin veil of dust. She used to sing now and then — sometimes beautiful, sometimes messy notes — but always alive. Now, she had forgotten what it felt like to have her strings plucked, to produce chords, to speak in her musical language.
Her companion — the girl who knew her by heart — had once treated her like a soulmate. The guitar longed for her return, for who else could speak her language if not her?

But as they spoke, the bed finally broke its silence.
He had known all along — the owner was still here. She had been lying on him this whole time. He felt the weight of her body, the stillness that stretched from dusk till dawn. She barely moved, only rising for a few minutes — perhaps to use the bathroom or eat. But the bed knew something was wrong. She felt lighter with each passing day, as if her life were slipping away piece by piece. She smelled different too — strange for someone who used to bathe even before sleeping. Sometimes, she trembled so hard that the bed shook like in an earthquake. Other times, he felt the wetness from her tears soaking into his companions: pillows. Her hands gripped them so tightly they thought they might choke. It was as if she were holding onto life itself.
And always, she whispered a familiar name — one she left at the angel’s embrace, one the stars alone remembered.

The books knew it then, like doctors do.
Written in chapters and twists, they called it heartbreak. There was no doubt — it could happen to their owner, the girl who lived through pages and breathed imagination. They murmured among themselves, softhearted fools all.
They didn’t know when she’d recover, only that she would. One day, like the heroines she once underlined and adored, she’d rise.
No white horse. No savior. Just her.

And with that hope, the furniture sighed with relief. Silence returned, softer, no longer screaming. And thus, they slowly drifted back to their usual sleep, waiting for their owner to outlive her grief.

Written By: Emna Harzallah

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