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Grève des étudiants en médecine: l’Organisation Tunisienne des Jeunes Médecins explique – Insat Press

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Grève des étudiants en médecine: l’Organisation Tunisienne des Jeunes Médecins explique

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Nous avons beaucoup entendu parler cette semaine, de la grève des résidents, internes et externes (étudiants en médecine) qui s’est tenue entre le mardi 6 et le jeudi 8 février 2018. Suite à ces 3 jours, les jeunes médecins n’ont pas encore repris le travail (même s’ils assurent les gardes, prennent en charge les urgences et travaillent dans les services de réanimation), ils déposent tous les jours un arrêt protestataire du travail et ont déposé un nouveau préavis de grève qui durera une semaine cette fois-ci. Face à l’incompréhension de l’opinion publique, nous essayons de vous donner un aperçu clair sur ce mouvement en allant directement poser nos questions à la source-même de cette grève, l’Organisation Tunisienne des Jeunes Médecins (OTJM) qui représente les résidents, les internes et les externes ainsi que les jeunes médecins spécialistes et généralistes. Mme Mariam Rayhane Ben Soltane, représentante volontaire de l’OTJM répond à nos questions.

 

  • Bonjour Madame, merci d’avoir accepté de nous éclairer, alors pour commencer : concrètement, qu’est-ce qui vous a amenés à vous mettre en grève ?

Le déclencheur n’est pas une nouveauté, c’est une action qui est menée depuis 7 ans exactement et qui renaît chaque année de la volonté de plusieurs personnes à la faire perdurer et qui a, en fin de compte, une demande simple et nette : faire éclaircir les choses à propos de plusieurs points.

 

  • Quelles sont donc vos revendications ?

On a 3 revendications essentielles mais qui ne sont pas exclusives :

  • La première revendication est une revendication législative : Le statut des internes et des résidents.
  • La deuxième revendication est une revendication académique mais qui est aussi sous la responsabilité des différents ministères qui régissent aujourd’hui les études médicales c’est-à-dire le Ministère de la Santé et le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, et elle concerne notre diplôme.
  • La troisième revendication concerne le travail civil ce qui est communément appelé l’année civile.

 

  • Pouvez-vous nous expliquer ce qu’est le statut juridique des internes et des résidents ?

Quand on parle de statut, on parle de réglementation. Cette réglementation va pouvoir définir nos responsabilités et nos droits au niveau des hôpitaux parce qu’aujourd’hui on a un rôle qui n’est pas prédéfini. On connaît notre rôle qui est académique : on est des stagiaires en formation ; mais notre rôle au sein de l’hôpital n’est pas régi par une loi. Notre travail dans les hôpitaux est régi par ce qu’on peut appeler la « loi interne » des hôpitaux qui ne définit pas officiellement quelles sont nos obligations, qui ne définit pas quelles sont les limites de nos droits non plus et donc on ne sait pas à quoi s’attendre en cas de petites défaillances, en cas de grandes défaillances, en cas de réels problèmes profonds. Quand on est face à de grandes responsabilités, on ne sait pas est-ce que c’est à nous de prendre les décisions ou est-ce qu’on doit être chapeautés. Concrètement ce terrain de stage qui est supposé être pour nous un terrain de formation est aujourd’hui devenu un terrain miné et on a donc absolument besoin de ce statut des internes et des résidents qui va encadrer ce travail. A part le fait d’encadrer le travail, il y aussi une partie, certes il faut le dire, qui va de soi, qui va parler de la rémunération : en tant qu’interne aujourd’hui, on n’est pas rémunéré pour nos gardes de nuit, les résidents sont officiellement rémunérés mais officieusement non rémunérés parce que plusieurs d’entre eux ne sont pas payés pour leurs gardes et donc ce statut va englober tout ça (on espère !). C’est le fruit d’un travail, qui est là depuis 2002, qu’on a fini par faire tout seuls donc il émane des étudiants mais il faut aussi revenir pour dire qu’il y a un statut qui est supposé régir tout ça mais qui est vieux de 1976.

 

  • Et qu’en est-il de tout ce qui se dit à propos du Diplôme National de Docteur en Médecine ?

Pour notre diplôme, avant les choses étaient simples Pour les études médicales, il y avait 5 ans d’études théoriques après on avait deux ans de stages (internat), et au bout de ces 7 ans on avait le droit de soutenir une thèse et cette thèse était diplomante, donc on obtenait ce qu’on appelle couramment le Diplôme National de Docteur en Médecin. Aujourd’hui avec cette nouvelle réforme des études médicales, la médecine générale est devenue ce qu’on appelle la médecine de famille, elle n’est officiellement pas, au niveau des textes de loi, une spécialité mais l’objectif final de cette réforme est d’en faire une spécialité donc normalement la loi qui est toujours en cours et qui n’est pas encore sortie c’est une loi qui va définir la médecine de famille en tant que spécialité. Malheureusement pour ce qui est du Diplôme National de Docteur en Médecine, qui est à l’international et par rapport aux autres systèmes éducationnels que ce soit au Canada, aux Etats-Unis, en Australie, en France, en Belgique… un acquis à la fin des études théoriques ; ce diplôme est aujourd’hui remis en question par la réforme qui porte l’idée de le fusionner avec le Diplôme de Spécialité (qu’on obtient à la fin de la spécialisation ce qui peut chiffrer à 11 ans d’études). Donc ce qu’on demande nous c’est de garder ce référentiel qui est un référentiel international pour la reconnaissance des capacités. Ce diplôme nous permet à l’international, et même en local de pouvoir intégrer des mastères, des Certificats d’Etudes Complémentaires (CEC), des diplômes post-universitaires qui nous serviraient même si on ne choisit pas de se spécialiser dans une spécialité chirurgicale ou médicale de pouvoir avoir des acquis pour mieux maîtriser la santé de base qui est aujourd’hui un objectif fondamental dans le projet de la santé en Tunisie. Alors il n’y a aucun avantage à faire fusionner les deux diplômes et d’en faire ce diplôme hybride qui n’est reconnu nulle part ailleurs, ça serait exclusif à notre pays et il n’aurait aucune valeur à l’étranger et même en pratique il n’y aurait aucun intérêt à faire fusionner ces deux diplômes.

 

 

  • Et pour le travail civil, expliquez-nous, que demandez-vous exactement ?

En fait, le service national en Tunisie est clairement défini au niveau du ministère, donc il y a un texte de loi par rapport à ça et pour ce qui est des médecins en fait ça a été remplacé par ce qu’on appelle couramment l’année civile. En fait chaque médecin est tenu à la fin de sa formation en spécialité de passer une année au niveau des hôpitaux là où on a besoin de lui, ça peut être au niveau de la région de sa formation ou ailleurs. Normalement pour cette année civile on devrait répondre aux mêmes critères d’exemption que tout autre citoyen tunisien or pour les médecins on n’a pas ces critères d’exemption, et même pour les critères qui sont restés valables, ce ne sont pas vraiment des critères d’exemption parce qu’on devrait être plus que partiellement handicapés de ses capacités physiques et mentales pour pouvoir en bénéficier. Donc la femme enceinte, la jeune maman, celui qui est âgé de plus de 28 ans, (contrairement à tout citoyen tunisien qui n’est pas

médecin) doivent quand même faire leur service civil. Ajoutant à cela que par rapport aux rémunérations, il y a eu des promesses concernant des avantages (puisqu’on passe une année hors des conditions normales) qui n’ont pas été respectées ; et même pour la rémunération de base, elle n’y est toujours pas. Mais pour nous, concernant ce point-là, le problème n’est pas la rémunération, le problème essentiel est une égalité des droits et de citoyenneté, nous sommes avant tout des citoyens tunisiens et nous voulons garder cette propriété de citoyen tunisien avant tout et avoir le droit comme tout autre citoyen tunisien à nos critères d’exemption.

 

  • Vous avez choisi pour votre grève le nom de Mouvement 76, pouvez-vous nous expliquer cette dénomination ?

Alors la référence est toute simple : c’est 7 ans de revendications et 6 ministres qui sont passés par ces revendications. Pour un rappel sur l’historique du mouvement : c’est un mouvement qui a commencé en 2011, on va dire sous silence ; en 2012 il a parlé haut et fort. Il est passé par beaucoup d’organismes, on était avant sous l’égide de l’UGET ; l’UGTT était aussi là à un certain moment, après on a eu un silence radio de 3 ans donc il n’y avait aucun représentant durant 3 ans et tout au long de ce temps on est passé par 6 ministres, on a signé 3 accords, toujours avec le même contenu et donc 76 je pense que c’est assez marquant pour dire que ce n’est pas le chiffre 76 en lui-même mais c’est quand même énorme de dire que ça fait 7 ans qu’on mène la même guerre.

 

 

  • Le Ministre de La Santé Publique, M Imed Hammami, a déclaré le Vendredi 9 Février 2018 sur la chaîne nationale El Wataniya 1, qu’il était ouvert au dialogue, que vos revendications étaient légitimes et que le ministère vous approuvait et allait dans le sens de répondre favorablement à vos demandes ; il vous a donc demandé de suspendre cette grève et de reprendre vos postes, quelle est la position de l’OTJM par rapport à ces déclarations ?

Alors déjà pour rendre à César ce qui est à César, lors de la réunion on était face à un cabinet qui était plus ou moins compréhensif, on avait un ministre qui était à l’écoute certes, qui a très bien répondu à nos questions et entre autres il avait respecté cette décision de maintenir la grève mais qu’elle devait être maintenue dans la limite du temps qu’on pouvait donner pour que nos revendications soient plus ou moins accordées et aujourd’hui on se retrouve à mener un bras de fer avec un cabinet ministériel avec des décisions politiques parallèles, qui n’avance pas. Donc si on en est aujourd’hui là, à une grève de 3 jours qui a été déclarée tout de suite après la réunion c’est qu’on n’avait pas pu avoir un vis-à-vis qui était dans le partage, il n’y avait pas ce niveau de communication où on pouvait avancer, c’est-à-dire qu’on avait une discussion qui était statique et il faut comprendre que ça fait 7 ans qu’on a ce genre de discussions. On finit parfois par aboutir à des accords mais ce ne sont là que des promesses ; on a fini par comprendre que ce n’était que des promesses et aujourd’hui on est dans une situation, là où on ne peut plus s’arrêter à des promesses, il faut qu’on passe à des actions. Nos demandes sont réellement légitimes parce que nos demandes sont des demandes législatives avant tout, il n’y a pas eu ces demandes populistes de primes de rendement ou une augmentation de salaires, ce qu’on demande aujourd’hui c’est à minima cette législation qui puisse réglementer notre travail au niveau des hôpitaux. Cette législation n’est pas seulement pour nous, il faut comprendre qu’elle est aussi pour le citoyen et pour le régime de santé en Tunisie avant tout. Aujourd’hui quand on se retrouve à pratiquer une médecine « protective », on prend les décisions vraiment difficilement parce qu’on se retrouve dans un cadre qui n’est pas du tout légal et il faut comprendre que ça pourrait être nuisible au citoyen et secondairement au médecin. On se retrouve dans une situation très délicate qui va finir par être complètement accablante, et on ne plus avancer avec ça donc oui, nous, on maintient ce bras de fer parce qu’on sait que ces revendications vont pouvoir faire avancer le système et le citoyen, d’autant plus qu’ils (le ministère) disent vouloir offrir une meilleure qualité de service de santé pour le citoyen et là ils ne vont pas pouvoir avancer vers ça : pour avancer il faut partir sur des bases solides et nous, ce que nous demandons aujourd’hui c’est une base solide pour un meilleur système de santé.

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